Promenade au cœur de la “Venise verte”…
Publié à 15:54 dans Dordogne, Prose poétique

Une inoubliable balade enchantée vécue au printemps dernier sur le Marais Poitevin. Tous assis dans son batai* aux formes originales, et au rythme balancé de sa pigouille*, Pascal, batelier renommé, nous racontait les fameuses légendes d’antan qui hantaient ce marais. D’une évidente générosité, Dame Nature dévoilait ainsi ses charmes somptueux. Promenade insolite, glissant lentement au fil de l’eau, afin de découvrir cette faune étonnante où, au loin, vaches et chevreuils se transformaient en espions. intrigués, nous vîmes l’étrange apparition d’énormes galeries creusées par les ragondins, des trous d’écrevisses, mais aussi des martins pêcheurs clandestins. Je prêtais l’oreille au milieu de ce calme serein, à la douce symphonie de ces charmantes poupoutes*. Soudain devenus les tristes otages de Madame la pluie, impitoyable, des trombes d’eau s’infiltraient de partout dans le bateau. Nous étions rapidement trempés de la tête aux pieds, gelés jusqu’aux os malgré nos épais k.way, rejouant ainsi le fameux sketch de Dany Boon ! mais tellement heureux ! Quelques éclaircies plus tard, Maître Soleil câlinait à nouveau notre embarcation de sa délicate lumière et enveloppait nos corps  transis d’une tendre chaleur. Ce conte de fées, peuplé d’elfes et de sylphes, respirait l’atmosphère sereine du bonheur. Une vue imprenable s’offrait à nos regards fascinés : d’imposants peupliers centenaires orlaient** de vertes prairies et de vastes pâturages. Des frênes, alignés et protégeant les berges du rivage, nous construisaient une magnifique haie d’honneur. La découverte des conques*, de rigoles et de fossés recouverts de minuscules lentilles, enchantaient nos yeux conquis, immortalisant à jamais ces reflets dorés sur l’immense canal scintillant de mille feux. Tandis que notre guide, malicieux, remuait la vase avec ardeur, des vapeurs remontaient des profondeurs. Comme chauffées par un briquet, elles animaient ce joli petit brasier aux lueurs colorées et dansaient avec vivacité en bordure de la barque en bois. Comme les danseuses d’un illustre cabaret, les “flammes”, en tenues dentelées, s’agitaient en cadence pour mieux subjuguer leurs spectateurs comblés. La plaisante mélodie du vent ajoutait du charme à ce paradis magique ; les senteurs printanières, si subtiles, embaumaient nos narines sensibles. Nos sens étaient à la fête ! Savoir savourer la tranquillité de ces lieux et contempler la beauté de ce site dépaysant demeuraient unique. Vagabonder dans ce sublime marigot équivalait à un pur moment de détente et me procurait une vive émotion ainsi que d’agréables frissons. Ce fut pour moi un réel plaisir  de partager ainsi cette invitation à la rêverie, en compagnie de ma muse et de vous conter ce merveilleux périple d’aventurière qui nous a tous rajeunis et réjouis.

* vocabulaire poitevin
** coudre un bord sans extrémité

“Cette prose a obtenu avec succès le 1er prix de prose poétique au concours poésie 2013 du CLUB 40 à Frontignan”.

*Les commentaires sont clos.