Les naufragés de la Miolle, sains et saufs
Publié à 20:56 dans Sète, mon île singulière

Jo et la "Miolle"

L e dimanche après-midi, nous voici partis, sans aucun souci.
E nfin sur l’étang, un brin de vent et des copains si charmants.
S ur la sèche, le bain… la pêche, perlinpimpin… petit coquin.

N on sans mal pour démarrer, trop banal le moteur s’escanait.
A u début, c’était gentillet… torsu nu, enfariné, le mec rigolait.
U ne fois le fer escampé, deux fois le ver bouffé, viens nager !
F estival de coques, régal sans équivoque, amical, réciproque.
R ires, sourires, la dérive, de pire en pire, c’est le grand délire.
A vec l’eau agitée, pousse le bateau échoué prêt à appareiller.
G agné, le vent soufflait par l’autre côté… ça nous contrariait.
E n effet, on sautait pour remonter… le slip, lui, redescendait.
S i bien boulégué un rien estropié mais au quotidien engruné.

D e la clavette encore en miettes en passant par les lunettes,
E bahis, l’eau noyait son tapis, nous aspergeait aussi, pardi !

L a tasse à chaque nouvelle brasse, le vent qui nous enlace,
A vec la bière, la glacière… c’est une croisière d’aventurière.

M ais belote rebelote, à l’eau pour réparer, trop beau, ça y est.
I maginez la situation dans le feu de l’action, quelle animation.
O rchestrées en cadence, les belles vagues menaient la danse.
L e mauvais temps nous apostrophe… ça frisait la catastrophe.
L a doffe, une sacrée doffe… être philosophe, fin de la strophe.
E squichée comme une sardine, dans la cabine on baragouine.

S oulagés, notre épopée continue mais l’apôtre n’en pouvait plus.
A bandonné au triste sort, après mille efforts, voilà ! on s’en sort.
I mpressionnant ! Avec tout ce vent, ce courant si décourageant.
N aviguer dans ces conditions, quelle organisation ! Champions.
S urveillant le poète, nos jolies dents jouaient, des castagnettes.

E nfréné, avec le bateau tiraillé, son capitaine était bien en peine,
T ous transformés en statue, en petite tenue, on ne souriait plus.

S ‘il vous plaît ! A bon port avec de nombreux bleus sur le corps.
A rrivé comme des peilles, trempé et sans oseille, on dépareille.
U n kilo de sable fin dans les godasses, un festin ses patasses.
F oire dans la baignoire, algues noires, à boire ! quels déboires !
S ouvenir… la journée des pêcheurs, plaisir gravé en mon coeur.

Petit lexique du parler sétois :

* la sèche : banc de terre formant un petit îlot, tout en longueur
* s’escanait : s’étouffait
* enfariné : à moitié éveillé
* escamper : jeter
* bouléguer : remuer dans tous les sens
* estropié : mal foutu, déformé
* engruné : on s’est fait mal
* la doffe : la chance
* esquiché : très serré
* baragouiner : parler “petit sétois”

* enfréné : gauche, maladroit
* des peilles : très fatigué
* des godasses : des chaussures
* des patasses : des grandes mains

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